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puella

Puis elle l’a chiffonné,
Tripoté, pelotonné,
Et durement bouchonné,
Je vous jure !
Puis, l’ayant ainsi reçu,
A sa robe elle a cousu
Le mol et brillant tissu
Pour doublure.

Elle eut, pour le coudre ainsi.
Force aiguilles, que voici :
Les pointes de mon souci
Qu’elle irrite,
Son caprice qu’avec art
Elle aiguise comme un dard.
Les flèches de son regard
Hypocrite...

Et si l’aiguille un moment
Bronchait sous son doigt charmant,
Pour la changer, brusquement
Sa menotte
Dans le cœur me la plantait ;
Et mon cœur, qu’ensanglantait
Un cent d’aiguilles, était
Sa pelote.