Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Holoferne fait de terribles menaces à Achior. Il ordonne qu’on le conduise vers Béthulie, et qu’on le livre aux enfants d’Israël. Achior leur est livré, et leur raconte ce qui lui est arrivé.


1. Or il arriva que lorsqu’ils eurent cessé de parler, Holoferne, transporté de fureur, dit à Achior :

2. Parce que vous avez fait le prophète en nous disant que le Dieu d’Israël sera le défenseur de son peuple, pour vous faire voir qu’il n’y a point de dieu que Nabuchodonosor,

3. Lorsque nous les aurons tous tués comme un seul homme, vous tomberez vous-même sous le fer des Assyriens, et tout le peuple d’Israël périra avec vous.

4. Et vous éprouverez que Nabuchodonosor est le maître de toute la terre ; et alors l’épée de mes soldats déchirera vos flancs, et vous tomberez percé de coups parmi les blessés d’Israël, et vous ne respirerez plus que pour périr avec eux.

5. Si vous croyez que votre prophétie soit véritable, que votre visage ne s’abatte point ; et qu’on n’y voie plus cette pâleur dont il est couvert, si vous vous imaginez que ce que je dis ne peut s’accomplir.

6. Et pour que vous connaissiez que vous éprouverez ces choses avec eux, vous serez joint dès à présent à ce peuple, afin que, lorsque mes armes leur feront souffrir la juste peine qu’ils ont méritée, vous soyez aussi vous-même puni avec eux.

7. Alors Holoferne commanda à ses gens de prendre Achior, de le mener à Béthulie, et de le mettre entre les mains des enfants d’Israël.

8. Les gens d’Holoferne s’étant saisis de lui, s’en allèrent le long de la campagne ; mais comme ils approchaient des montagnes, les frondeurs sortirent contre eux.

9. Et eux, en se détournant du côté de la montagne, lièrent Achior à un arbre par les pieds et par les mains ; et l’ayant ainsi attaché avec des cordes ils le laissèrent là, et retournèrent vers leur maître.

10. Or les Israélites étant descendus de Béthulie, vinrent au lieu où il était : ils le délièrent et le conduisirent dans la ville, et l’ayant amené au milieu du peuple, ils lui demandèrent pourquoi les Assyriens l’avaient abandonné lié de la sorte.

11. En ce temps-là Ozias, fils de Micha, de la tribu de Siméon, et Charmi, qui s’appeloit aussi Gothoniel, commandaient dans le pays.

12. Ainsi Achior dit au milieu des anciens, et en présence de tout le peuple, ce qu’il avait répondu aux demandes d’Holoferne ; comment les gens d’Holoferne l’avaient voulu tuer pour avoir parlé de la sorte ;

13. Et comment Holoferne même, transporté de colère, avait commandé qu’on le mît entre les mains des Israélites, afin qu’après qu’il aurait vaincu les enfants d’Israël il fît aussi mourir Achior dans les supplices, parce qu’il avait dit que le Dieu du ciel était leur défenseur.

14. Quand Achior eut raconté toutes ces choses, tout le peuple se prosterna le visage contre terre, en adorant le Seigneur, et mêlant ensemble leurs cris et leurs pleurs, ils offrirent d’un même cœur leurs prières à Dieu,

15. Disant : Seigneur Dieu du ciel et de la terre, regardez leur orgueil, et voyez notre abaissement, et considérez l’état où sont réduits vos saints ; faites voir que vous n’abandonnez point ceux qui présument de votre bonté, et que vous humiliez ceux qui présument d’eux-mêmes, et se glorifient de leurs propres forces.