Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/302

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5. Leur présomption passe quelquefois à un tel excès que, s’élevant contre ceux qui s’acquittent de leur charge avec une grande fidélité, et qui se conduisent d’une telle sorte qu’ils méritent d’être loués de tout le monde, ils tâchent de les perdre par leurs mensonges et leurs artifices,

6. En surprenant par leurs déguisements et par leur adresse la bonté des princes, que leur sincérité naturelle porte à juger favorablement de celle des autres.

7. Ceci se voit clairement par les anciennes histoires ; et on voit encore tous les jours combien les bonnes inclinations des princes sont souvent altérées par de faux rapports.

8. C’est pourquoi nous devons pourvoir à la paix de toutes les provinces.

9. Que si nous ordonnons des choses différentes, vous ne devez pas croire que cela vienne de la légèreté de notre esprit, mais plutôt que c’est la vue du bien public qui nous oblige de former nos ordonnances selon la diversité des temps et la nécessité de nos affaires.

10. Et pour vous faire connaître ceci plus clairement, nous avons voulu vous faire savoir que nous avions reçu favorablement auprès de nous Aman, fils d’Amadath étranger, Macédonien d’inclination et d’origine, qui n’avait rien de commun avec le sang des Perses, et qui a voulu déshonorer notre clémence par sa cruauté.

11. Et après que nous lui avons donné tant de marques de notre bienveillance, jusqu’à le faire appeler notre père, et le faire adorer de tous nos sujets comme le second après le roi,

12. Il s’est élevé à un tel excès d’insolence, qu’il a tâché de nous faire perdre la couronne avec la vie.

13. Car il avait fait dessein, par une malignité toute nouvelle et inouïe, de perdre Mardochée, par la fidélité et les bons services duquel nous vivons ; et Esther, notre épouse et la compagne de notre royaume, avec tout son peuple ;

14. Afin qu’après les avoir tués, et nous avoir ôté ce secours, il nous surprît nous-même, et fit passer aux Macédoniens l’empire des Perses.

15. Mais nous avons reconnu que les Juifs, qui étaient destinés à la mort par cet homme détestable, n’étaient coupables d’aucune faute, mais qu’au contraire ils se conduisent par des lois très-justes,

16. Et qu’ils sont les enfants du Dieu très-haut, très-puissant et éternel, par la grâce duquel ce royaume a été donné à nos pères et à nous-même, et se conserve encore aujourd’hui.

17. C’est pourquoi nous vous déclarons que les lettres qu’il vous avait envoyées contre eux en notre nom, sont nulles et sans autorité ;

18. Et qu’à cause de ce crime, qu’il a commis, il a été pendu avec tous ses proches, devant la porte de la ville de Suse ; Dieu lui-même, et non pas nous, lui ayant fait souffrir la peine qu’il a méritée.

19. Nous ordonnons que cet édit que nous vous envoyons, sera affiché dans toutes les villes, afin qu’il sait permis aux Juifs de garder leurs lois.

20. Et vous aurez soin de leur donner du secours, afin qu’ils puissent tuer ceux qui se préparaient à les perdre le treizième jour du douzième mois appelé adar :

21. Car le Dieu tout-puissant leur a fait de ce jour un jour de joie, au lieu qu’il leur devait être un jour de deuil et de larmes.

22. C’est pourquoi nous voulons que vous mettiez aussi ce jour au rang des jours de fêtes, et que vous le célébriez avec toutes sortes de réjouissances, afin que l’on sache à l’avenir

23. Que tous ceux qui rendent une prompte obéissance aux Perses, sont