Page:Lemaistre de Sacy - Nouveau testament, Mons, 1667, vol 1.djvu/16

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parfaitte union des premiers fidelles ; que S. Paul est le premier interprète de l’Evangile, qu’il explique tous les mysteres de JESUS CHRIST, & qu’il nous instruit de toutes les regles de la morale & de la vertu chrestienne ; que les Epistres de S. Pierre & des autres Apostres sont remplies du feu & de l’onction du S. Esprit, & que l’Apocalypse dans son obscurité prophetique & divine a des étincelles de lumiere qui frappent le cœur & qui impriment un profond respect de la grandeur de Dieu dans les ames humbles.

C’a esté sans doute dans cet esprit que la Faculté de theologie de Louvain entreprit dans le siècle passé de donner à l’Eglise une traduction françoise de toute la Bible, dans laquelle les fidelles pussent s’instruire sans tomber dans les pieges de Calvin & de ses premiers disciples, qui en avoient alteré & falsifié quelques endroits pour seduire les peuples en mêlant le poison de leurs erreurs avec le pain des enfans de Dieu. On ne sçauroit assez louer le zele & le travail de ces sçavans Docteurs, dont la suffisance extraordinaire s’est encore signalée dans la revüe tres-exacte qu’ils ont faitte de tous les ouvrages de S. Augustin ; mais il faut aussy reconnoistre, que les changemens qui sont arrivez dans nostre langue depuis leur temps, & qui sont ordinaires à toutes les langues vivantes avant qu’elles ayent esté portées jusqu’à un point de perfection où elles s’arrestent, ont tellement defiguré leur ouvrage qu’encore que de temps en temps on ait retranché de leur version certaines expressions qui n’estoient plus intelligibles, elle estoit néanmoins devenüe si étrangement éloignée de nostre usage que si elle subsistoit encore ce