Page:Lemaistre de Sacy - Nouveau testament, Mons, 1667, vol 1.djvu/28

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& quelque saint que l’on soit on ne peut s’approcher de cette table sacrée qu’une fois le jour. Il arrive même souvent que les indispositions & les maladies de l’ame ou du corps, & divers autres obstacles qui ne dependent pas de nous nous peuvent empêcher de joüir d’un si grand bien. Mais la meditation des verités Evangeliques & Apostoliques peut estre continuelle. En quelque temps, en quelque état, en quelque impuissance que l’on se trouve on peut se nourrir de ce pain de la vérité, qui est la nourriture des bienheureux, comme dit S. Augustin : on peut avoir la loy de Dieu dans le cœur, dans l’esprit & dans la bouche, & tirer de son Ecriture, comme dit S. Paul, une consolation qui nous affermisse dans la patience & dans l’esperance des biens à venir.

Une ame qui s’occupe ainsy de cette meditation de la parole du Sauveur par laquelle son Corps est formé sur nos autels ; qui se tient unie en esprit à sa Croix qui est la source de tous les Sacremens, & au corps de son Eglise universelle qui offre à Dieu cette sainte hostie dans toute l’étenduë de la terre, persevere dans la communion du Corps du Sauveur en perseverant dans l’observation de sa doctrine, & elle verifie en elle cette parole du Sage ; Que celuy qui garde la loy multiplie ses oblations, & que c’est un sacrifice de grace & de salut que de se rendre attentif à ce que Dieu nous commande. Qui conservat legem multiplicat oblationem ; sacrificium salutare est attendere mandatis.

Ainsy le Corps du Fils de Dieu est le pain de l’ame, que l’on ne peut recevoir que dans une certaine disposition & en un certain temps ;