Page:Lemaistre de Sacy - Nouveau testament, Mons, 1667, vol 1.djvu/36

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n’y a qu’un mot dans l’original, mais qu’on en a eu besoin de deux pour en bien marquer le sens. Ainsy, en Saint Matth. chap. 5. v. 29. Si oculus tuus dexter scandalisat te, est traduit ; [ Si vostre œil droit vous est un sujet de scandale & de chute. ] Car le mot de scandale tout seul donne d’ordinaire une autre idée, & se prend pour ce qui nous choque, & non pas pour ce qui nous fait tomber.

V. Un autre moyen dont on s’est servi pour faire cette union du sens & de la lettre est encore plus simple. C’est que lorsqu’on a vu qu’une traduction toute littérale affoiblissoit trop la force, ou obscurcissoit trop le sens de l’Ecriture, on a tasché de marquer le sens dans le texte par une expression claire, & en même temps la plus liée aux paroles qu’on a pu trouver. Mais parce qu’on ne pouvoir pas dire qu’elle fust entièrement littérale, on a mis en même temps la lettre à la marge, afin qu’on ne fust pas privé de la traduction simple de la lettre, & que l’on jugeait, comme dit S. Augustin, de la liberté avec laquelle on s’estoit alors dispensé de la suivre. Cette exactitude parut nécessaire pour témoigner le respect que l’on doit avoir pour la lettre de l’Ecriture, & pour faire mieux comprendre l’expression dont on a cru se devoir servir pour marquer le sens en la comparant avec l’obscurité des termes qu’on avoit représentez par d’autres plus clairs. On crut aussi qu’elle seroit utile en ce qu’elle donne moyen à ceux qui désirent de bien entendre la parole de Dieu, ce qu’il n’y a point de Chrestien qui ne doive désirer, de remarquer les termes extraordinaires qui sont propres à l’Ecriture pour s’accoutumer à ses expressions & à son langage, & se rendre ainsi plus capable d’entendre & de goûter ces instructions divines.