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Page:Lemercier - L’Amende de monsieur l’abbé, 1927.djvu/3

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Puis il dit, avec bienveillance :
« Pour être, ce soir, plus dispos
Et, par crainte de défaillance,
Je vais prendre un peu de repos.

Je ne veux déranger personne,
Reposez de votre côté,
Le lit de la chambre de bonne
Suffit à mon humilité ».

— Las ! ma bonne n’a pas de chambre,
Dit le curé, plein d’embarras,
Et, de Janvier jusqu’à Décembre,
Nous dormons dans les mêmes draps.

Le prélat, devenu garance,
S’écria, fort sévèrement :
« Que faites-vous, en l’occurrence,
Du neuvième commandement ? ».

— Pour ne pas passer la nuit blanche,
Dit le curé, baissant les yeux,
J’ai fait installer une planche
Qui partage mon lit en deux.

Mais, hélas ! la chair nous commande,
Quand l’un de nous deux est tenté,
Il paie, à l’autre, un franc d’amende,
S’il passe de l’autre côté.

— Ça, c’est vrai, dit la bonne Estelle,
Puis, en le lorgnant en dessous,
À propos d’amende, fit-elle,
Monsieur l’abbé me doit cent sous !



Eugène LEMERCIER.



S. E. M. F. A. 620