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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Ô Naples, sur ton cher rivage,
Lui, déjà ses yeux se sont clos :
Comme au lendemain d’un voyage,
Il a sa couche au bord des flots.

Son âme, harmonieux cantique,
Son âme, où les anges chantaient,
De sa tombe entend la musique
De ces mers qui nous enchantaient.

Comme un cygne à la plume noire,
Sa pensée aspirait au ciel,
Soit qu’enfant le sort l’eût fait boire
Quelque goutte amère de fiel ;

Soit que d’infini trop avide,
Trop impatient du trépas,
Toute coupe lui parût vide,
Tant que Dieu ne l’emplissait pas.

Il était né dans des jours sombres,
Dans une vallée au couchant,
Où la montagne aux grandes ombres
Verse la nuit en se penchant.

Les pins sonores de Savoie
Avaient secoué sur son front
Leur murmure, sa triste joie,
Et les ténèbres de leur tronc.

Ainsi que ces arbres sublimes,
Sur les Alpes multipliés,
Qui portent l’aube sur leurs cimes
En couvant la nuit à leurs pieds,