Tout dort, hélas ! je travaille et je veille ;
La paix des nuits ne ferme plus mes yeux.
Permets du moins, appui des malheureux,
Que ma douleur jusqu’au matin sommeille !
Pour mon enfant, tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.
Mais non, rejette, ô divine Espérance,
Ces lâches vœux, vains murmures du cœur !
Je veux bénir cette longue souffrance,
Gage certain d’un immortel bonheur.
Entre mes doigts, guide ce lin docile,
Pour mon enfant, tourne, léger fuseau ;
Seul, tu soutiens sa vie encor débile ;
Tourne sans bruit auprès de son berceau.
’air était pur ; un dernier jour d’automne,
En nous quittant, arrachait la couronne
Au front des bois,
Et je voyais d’une marche suivie
Fuir le soleil, la saison et ma vie
Tout à la fois.
Près d’un vieux tronc appuyée en silence,
Je repoussais l’importune présence
Des jours mauvais ;