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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Écarte l’herbe haute et les fleurs autour d’elle,
Respire, et sent la vie, et voit la terre belle ;
Et, blanche, se dressant dans sa robe aux longs plis,
Hors du gazon touffu monte comme un grand lis.
Les aromes, les bruits et les clartés naissantes,
Les émanations de partout jaillissantes,
Ont envahi son âme, ébranlée un moment ;
Et devant la nature elle hésite en l’aimant.

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LE POÈME DE L’ARBRE

À UN GRAND ARBRE




Lesprit calme des dieux habite dans les plantes.
Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;
Dans son corps large et sain la sève coule en paix,
Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

À la croupe du mont tu sièges comme un roi ;
Sur ce trône abrité, je t’aime et je t’envie ;
Je voudrais échanger ton être avec ma vie,
Et me dresser tranquille et sage comme toi.

Le vent n’effleure pas le sol où tu m’accueilles ;
L’orage y descendrait sans pouvoir t’ébranler ;
Sur tes plus hauts rameaux, que seuls on voit trembler,
Comme une eau lente, à peine il fait gémir tes feuilles.