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BÉRANGER


1780 – 1857




Pierre-Jean de Béranger, Parisien, apprit l’orthographe en composant dans une imprimerie. C’est de 1813 que datent ses premières chansons.

Ses contemporains le comparaient à Horace, et l’un d’eux, Abel Hugo, lui donnait la supériorité, au moins pour le caractère. « Béranger, dit-il, enfant du peuple, chante, pour le peuple, les joies du peuple et ses douleurs ; il célèbre ses victoires et ses défaites ; il ne reconnaît plus Lisette une fois que Lisette a les pieds dans le satin ; il ne salue l’Empereur que lorsque l’aigle a été blessé de la foudre au sommet du ciel impérial ! Non, non ! Ce n’est pas Béranger qui se vanterait d’avoir laissé dans les champs de Philippes son bouclier — relicta non bene parmula — je veux dire dans la plaine du mont Saint-Jean. »

Les œuvres complètes de Béranger ont été éditées par MM. Garnier frères.

Trop prôné de son vivant, trop déprécié après sa mort, aujourd’hui que la poussière des événements politiques est tombée et cesse de nous voiler le vrai personnage, il nous apparaît à sa juste mise au point, dans la perspective de l’éloignement, comme un petit bourgeois parisien, d’une bonhomie sceptique et gouailleuse, mais doué d’un certain courage et d’une honnête inspiration qui, par des temps difficiles, eut souvent sa grandeur. Ses meilleures strophes, pour l’esprit et la clarté, sont précisément celles