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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/137

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ANDRÉ LEMOYNE.


Et, les suivant de loin, mais sans bruit, ce soir-là,
En se parlant tout bas, les deux meutes mêlées
Perdirent leur chemin par de sombres allées,
Car le dernier croissant de lune se voila.






CHANSON MARINE





Nous revenions d’un long voyage,
Las de la mer et las du ciel.
Le banc d’azur du cap Fréhel
Fut salué par l’équipage.

Bientôt nous vîmes s’élargir
Les blanches courbes de nos grèves ;
Puis, au cher pays de nos rêves,
L’aiguille des clochers surgir.

Le son d’or des cloches normandes
Jusqu’à nous s’égrenait dans l’air ;
Nous arrivions par un temps clair,
Marchant à voiles toutes grandes.

De loin nous fûmes reconnus
Par un vol de mouettes blanches,
Oiseaux de Granville et d’Avranches,
Pour nous revoir exprès venus.

Ils nous disaient : « L’Orne et la Vire
Savent déjà votre retour,
Et c’est avant la fin du jour
Que doit mouiller votre navire.