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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Vous redirez aussi les grâces d’Aurélie
                     Aux oiseaux de Cypris,
Au rossignol des bois, à la rose pâlie,
                     Au bleu myosotis !

Vous demanderez tous à mes vers de vous dire
                     Quelle fut la beauté
Dont mes rimes en fleur adoraient le sourire
                     De rose et de clarté !

Ils vous la montreront, ces vers dont s’émerveille
                     La chanson des hautbois,
Ruisselante de feux comme une aube vermeille,
                     Rose et neige à la fois ;

Et telle qu’à présent, jeune fille hautaine
                     Au sein délicieux,
Elle ravit d’amour l’azur de la fontaine
                     Et l’escarboucle aux cieux.

On dirait à la voir que, de sa main profonde,
                     Dieu, sur son trône assis,
A pétri de nouveau, pour en refaire un monde,
                     Une Eve aux noirs sourcils !

Car elle est fière, et seule, ange mystérieuse,
                     Sourit et marche encor
Avec la majesté d’une victorieuse
                     À la cuirasse d’or

Et, comme cette Muse à qui le temps pardonne
                     Sans tache et sans affront,
Elle pourrait aussi porter une couronne
                     D’étoiles à son front,