Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
OCTAVE LACROIX.


— « Sous les flots des mers azurées
Je cherche à voir, dit le Pêcheur,
La Nymphe aux épaules nacrées…
Dans un rêve elle a pris mon cœur. »

Que d’enchantements ! que d’ivresses
Appellent tes illusions :
Ici, l’amour et ses caresses,
Là-bas, la gloire et ses rayons !
Plus loin la fortune sonore
Et ses adorateurs jaloux…
Poète, entre des biens si doux,
Choisis… Peux-tu tarder encore ?

— « Mon cœur, dit l’autre, est tourmenté
D’un désir immense et sans trêve.
J’aime la belle Vérité…
Une nuit, je l’ai vue, en rêve. »

Vous êtes deux fous ici-bas,
Pauvre Pêcheur, pauvre Poète !
Vos amantes ne viendront pas…
En vain l’eau s’agite, inquiète,
Dans les gouffres mystérieux,
Il n’est aucune Nymphe, aucune !
Et nul ne voit, hormis les dieux,
La Vérité, s’il en est une.

— « Tais-toi, car tu nous fais du mal.
Va-t’en ! répondent les deux Frères.
Passant, retourne à tes affaires…
La nôtre, à nous, c’est l’Idéal ! »