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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/260

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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


FONTARABIE


La rue étroite monte, et, de chaque côté,
Se dressent les maisons, hautes, vieilles et sombres
L’hirondelle voltige au-dessus des décombres
Où fleurit la joubarbe en pleine liberté.

De fiers blasons sculptés décorent ces demeures,
Nous racontant l’éclat des fêtes d’autrefois :
Sérénades, soupers, cavalcades, tournois,
Entremêlés d’amours qui faisaient fuir les heures !

Jadis, richesse et gloire. — Et, maintenant, nul bruit.
À midi, deux passants : une duègne qui tousse,
Sur le seuil de l’église ; et puis, suçant son pouce,
Un enfant demi-nu qu’un chien maigre poursuit.




PRIMEURS


Au flâneur, le long du marché,
Mai, qui sourit, fait des surprises :
Par hasard, m’étant approché,
J’ai vu les premières cerises !

Ces beaux fruits ronds, brillants, charnus,
Sur des lits épais de fougère,
Pour nous tenter sont revenus
Avec la fraise bocagère.