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ÉMILE BLÉMONT.


Janvier de diamants ruisselle ;
Et Février, en jupons courts,
Luit et fuit comme une étincelle,
Derrière son loup de velours.

Mars, de violettes coiffée,
Semble la Belle au bois dormant
Que vient, dans le conte de fée,
D’éveiller le Prince Charmant.

Svelte, vive, un peu verte encore,
La jeune demoiselle Avril
Entr’ouvre ses lèvres d’aurore
Sous son blanc chapeau de grésil.

Mai porte la rose vermeille
Et le muguet aux frais grelots ;
Juin rit, la cerise à l’oreille ;
Juillet perd ses coquelicots.

Août, dont le regard bleu scintille
Parmi l’or du blé mûrissant,
Pour couronne a pris sa faucille,
Comme Diane son croissant.

Septembre est la libre Bacchante
Aux grands yeux chauds, couleur du soir ;
Et sur sa gorge provocante
Sautent des grains de raisin noir.

Près d’Octobre, âpre chasseresse
Dont le vent tord les cheveux roux,
Novembre a l’air d’une prêtresse
Regrettant le mystique époux ;