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JACQUES RICHARD.


C’est lui, c’est Spartacus ! Pâle et grave statue,
Il est là, sous le ciel, triste, l’âme abattue,
Mais debout. — Un rocher soutient ses membres las.
Hier, il était fort ; hier, il était libre ;
Hier, Rome, à son nom, tremblait aux bords du Tibre ;
Ses soldats l’acclamaient, — et maintenant, hélas !…
Maintenant ils sont morts, et sa main enchaînée
Semble maudire encor l’aveugle destinée
Qui pouvait le sauver, et ne le voulut pas.




AVRIL



Oh ! le doux mois d’avril, le mois des gais murmures
Que dans les grands bois verts font les petits oiseaux ;
Le mois où l’herbe pousse, où les fraises sont mûres,
Où le pré fleuri cause avec les clairs ruisseaux.

Le mois qui fait rêver la pâle fiancée,
Lorsqu’elle vient, pensive, à son balcon s’asseoir ;
Un chant voltige alors sur sa lèvre oppressée,
Triste comme un soupir et doux comme un espoir.

Le mois qui fait trembler les belles amoureuses,
Lorsqu’au jardin, dans l’ombre, elles s’en vont sans bruit ;
Lorsqu’elles ont baissé leurs paupières peureuses
Qui laissent voir encor deux astres dans la nuit.

Oh ! le mois des lilas, des fleurs fraîches écloses,
Des rossignols plaintifs et des merles moqueurs ;
Le mois, le mois paisible où s’entr’ouvrent les roses,
Le mois, le mois charmant où s’entr’ouvrent les cœurs.