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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


LA MARGUERITE



Les amoureux (qui n’est naïf, aimant ?)
Ont cet usage, observé comme un rite,
D’aller aux prés cueillir la marguerite
Pour s’assurer qu’on les aime, et comment.

Chaque pétale a sa réponse écrite :
Un peu, beaucoup, ou passionnément,
Ou pas du tout… Et leur vague tourment
Du mot final s’adoucit ou s’irrite.

Si l’amour, fait de joie ou de douleur,
Dit son secret, c’est dans toute la fleur
Plutôt qu’en l’un ou l’autre des pétales :

Car tout, l’oubli comme le souvenir,
La langueur tendre et les hauteurs fatales,
Au cœur aimé tout cela peut tenir.

(À Mi-Côte)



LE REPOS



Hors du wagon poudreux, pour aspirer l’air pur,
Parfois un voyageur se penche à la portière
Et soudain se retire, apercevant le mur
Bas et crépi qui garde un étroit cimetière ;