Les longs mois qu’on dirait faits pour l’intimité,
Tant elle serait bonne à cet âtre enchanté
Où la flamme ailée est captive.
Mais, ô mon cœur, pourquoi sans cesse revenir
À ce que tu ne peux saisir ni retenir,
À ce qui reste l’impossible ?
Et pourquoi, dédaignant tout ce qui t’est donné,
Aux flèches d’un regret à peine détourné
T’offrir toujours comme une cible ?
Qui l’aurait cru ? La paix d’un sort modeste et doux,
Moins que la gloire dont tant d’autres sont jaloux,
Était à conquérir aisée.
Ô mon cœur ! prie et chante et ramène tes vœux;
Ce bien est le plus cher de tous ceux que tu veux :
Le parfum de la fleur brisée.
Hélas ! l’heure qui sonne emporte un jour encor,
Et l’attente stoïque a remplacé l’essor
Dont la puissance m’est ravie ;
Et je demeure seule, et je me dis, pendant
Que dans le vide obscur mes yeux vont regardant :
« L’amour est l’âme de ma vie ! »
ur le ciel gris rosé l’extrémité des branches
Se découpe légère et frissonnante au vent ;
L’heure est chaude ; le soir ouvre aux visions blanches,
Et par les prés fauchés elles s’en vont rêvant.