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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Et, sous la mousse et le thym,
Près des arbres de la cure,
J’ai marqué la place obscure
Où, quelque matin,

Quand dans la farce commune
J’aurai joué mon rôlet,
Et récité mon couplet
Du clair de la lune,

Libre enfin de tout fardeau,
J’irai tranquillement faire,
Entre mon père et ma mère,
Mon dernier dodo.

Pas dépitaphe superbe,
Pas le moindre tralala ;
Seulement, par-ci, par-là,
Des roses dans l’herbe,

Et de la mousse à foison,
De la luzerne fleurie,
Avec un bout de prairie
À mon horizon.

Ah ! dans ce décor champêtre
Comme je dormirai bien !
Quel excellent paroissien,
Curé, je vais être !

Après avoir tant trotté
Et s’être fait tant de bile,
C’est si bon d’être immobile
Pour l’éternité !