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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.
II
— Petit pioupiou,
Soldat d’un sou,
Qu’as-tu rapporté d’Italie ?
C’était le temps de la folie,
Nous nous battions comme des preux.
À quoi bon ? Comme on vous oublie,
Quand viennent les jours malheureux !
Mais de ces vingt champs de victoire
De nos frontières à l’Arno,
Qu’as-tu rapporté pour ta gloire ?
— J’ai rapporté Solférino.
II
— Petit pioupiou,
Soldat d’un sou,
Qu’as-tu rapporté d’Allemagne ?
C’était le temps où la campagne
De notre pur sang s’arrosa :
La Guerre ayant pris pour compagne
La Déroute, nous écrasa.
Mais de l’invasion infâme
Qui t’assombrissait l’avenir,
Qu’as-tu rapporté dans ton âme ?
— J’ai rapporté le souvenir.
(Les Dieux qu’on brise)