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ROBERT DE BONNIÈRES.


La Voix partait de ces rameaux touffus,
Car il y vit une gentille Fée,
De diamants et de perles coiffée.
Jeannot tira son bonnet, tout confus.

— « Jeannot, je veux te conter ma misère, »
Dit-elle; « écoute et remets ton bonnet.
« Je te demande une chose qui n’est
« Que trop plaisante à tout amant sincère. »

Le jeune gars écarquillait les yeux,
Comme en extase, et restait tout oreille.
Il n’avait vu jamais beauté pareille,
Ni de fichu d’argent aussi soyeux.

La Fée était belle en beauté parfaite,
Rare, en effet, et mignonne à ravir,
Tant, qu’à jamais, pour l’aimer et servir,
Je n’en voudrais pour moi qu’une ainsi faite !

— « Mon bon Jeannot, aime-moi seulement, »
Reprit la Fée ; « il n’est point de tendresses
« Et de baisers et de bonnes caresses,
« Que je ne fasse à mon fidèle amant.

« Aime-moi bien, puisque je suis jolie,
« Aime-moi bien aussi pour ma bonté.
« Je suis liée à cet arbre enchanté :
« Romps, en m’aimant, le charme qui me lie. »

— « Je ne dis non, » fit l’autre, « et je m’en vais
« Tout droit conter notre cas à ma mère.
« Conseil ne nuit : l’on cueille pomme amère
« Sans que pourtant le pommier soit mauvais. »