Elle les vit, tournant la tête,
Regardant bien, tendant le cou,
S’approcher de la maisonnette
Sans dépenser leur petit sou.
« La chose n’est pas naturelle.
Quoi ! l’on boude aux goûters sucrés ?
Je saurai tout, murmura-t-elle,
Aussitôt qu’ils seront rentrés. »
Ils rentrèrent. « Que l’on s’explique,
Dit-elle, et qu’on soit diligent !
D’où venez-vous ? — De la boutique.
— Qu’avez-vous fait de votre argent ?
— Nous avons mangé des galettes
Et tout plein de bonbons très doux.
— C’est un mensonge que vous faites :
Allons, allons, expliquez-vous ! »
Les deux enfants, la tête basse,
Dirent à leur mère en pleurant :
« Mère, accorde-nous notre grâce !
Tu sais, le travail n’est pas grand...
« Notre père te l’a fait lire...
Des messieurs en parlaient entre eux...
Nous faisons une tirelire
Pour les ouvriers malheureux. »