Fouettent la ronce qui s’effare
Et sonnent leur blanche fanfare
Pour égayer les sapins noirs.
Leur folle vague, ivre de joie,
Bondit, s’éparpille, tournoie,
Croule en nappe, monte en vapeur ;
On les voit, vierges effrénées,
Libres filles des Pyrénées,
Se ruer au gouffre sans peur.
— Où donc allez-vous, les démentes ?
Pourquoi préférer vos tourmentes
Au sommeil du lac dans l’éther ?
— Laissez l’inertie aux cadavres,
Nous entendons l’appel des havres,
Nous courons à la grande mer !
omme je vous envie, ô pierres ! nobles pierres !
— Vous opposez, plaignant notre éphémère orgueil,
Vos blocs sans pieds ni mains, sans lèvres ni paupières,
À nos pulpes qui vont se dissoudre au cercueil.
Quelle pitié, qu’un roi qui ne tient pas en place !
Sur les contorsions de cette humanité,
Qu’incessamment la Mort fauche, raidit et glace,
Vous dressez à jamais votre immobilité !