Pauvres yeux maintenant muets et sans couleur,
Oh ! combien tristes les voilà,
Élargissant dans l’au-delà
Le mystique secret de leur fixe pâleur !
Car la Mort n’éteint pas les yeux qu’elle a fermés :
Ils se rouvrent dans l’infini,
Mais leur éclat reste terni...
Peut-être du regret de ceux qu’ils ont aimés ;
Et dans le morne empire où vont les cœurs élus,
Parmi l’espace inhabité,
Remplis de vague éternité,
Ils nous voient, et c’est nous qui ne les voyons plus !
* *
Tes yeux, ou seulement l’image de tes yeux,
Ô chère amante morte,
Il me semble qu’ainsi dans le lointain des cieux
Un triste et doux rayon en sorte.
Astres pâlis, déteints, effacés, je les vois,
Je les rêve peut-être :
La nuit, on entend bien les morts avec des voix
Que l’oreille croit reconnaître !
Tes yeux, ou seulement cette âme de tes yeux,
(Qu’importe que je rêve ?)
Mon cœur est comme un firmament silencieux
Où leur reflet tremble et s’élève :
Ils sont là, toujours là, tendres languissamment,
Oh ! tendres et si tristes,
Tels qu’ils étaient, et plus semblables seulement
À de très pâles améthystes ;