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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Le profond, le subtil frisson
Des amours troublantes et brèves,
Voilà ma vie et ma chanson.
Et je ne veux pas d’autres rêves.

Et je vais, me laissant charmer
Dans l’extase de vivre en Elle
Et dans l’enivrement d’aimer,
En chantant l’Idylle éternelle.


(L’Idylle éternelle)





DÉPART




Quand, après l’exquise journée
Qui n’aura pas de lendemain,
L’heure du départ fut sonnée,
Je ne t’ai pas tendu la main.

La nuit tombait, la nuit profonde ;
Les contours flottaient indécis.
Mes yeux de larmes obscurcis
Ne voyaient plus ta tête blonde.

Peut-être en tes yeux passait-il
Un regret qui s’envola vite
Ou l’angoisse étrange et subite
D’un rêve doux, triste et subtil ?

Dans la grande mélancolie
De cette belle nuit d’été,
Je n’aurai pas même emporté
Leur expression affaiblie.