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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


VERS L’OUBLI




Je quitte maintenant la féconde campagne
Où l’or des blés mûris chante l’espoir prochain,
Tandis qu’un fleuve, lentement, au val voisin
Épand la joie incessante qui l’accompagne.

Tout à l’heure viendra l’ennui vert des forêts
Avec ses pins, antiques douleurs taciturnes
Et ses silences où toutes les peurs nocturnes
Mêlent leurs pleurs aux longues plaintes des regrets.

Puis, demain, j’atteindrai les monts que le vent broie
Sans pouvoir les humilier dans leur orgueil,
Sur lesquels seule, l’ombre ample d’ailes de deuil
Plane avec le mélancolique oiseau de proie.

Mais de quels sommets blancs de neige et de clarté
M’apparaitront vos éternelles accalmies,
Ô mers lointaines, mers polaires, endormies
En l’oubli glacial de votre éternité ?





VOCATION




Sen aller, — ce songe est le mien !
Le front levé, l’âme ravie,
Par les routes et par la vie,
Mage, sorcier, bohémien ;