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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


J’ai parcouru d’autres rivages,
Vu d’autres flots et d’autres deux.
Des lacs plus gais ou plus sauva.
Et l’Océan prodigieux ;

Je n’ai rien vu qui te ressemble,
Rien qui soit beau de ta beauté,
Qui mêle ainsi, qui fonde ensemble
La douceur ce la majesté.

À l’étranger, quand la tristesse
Jette sur nous son voile noir,
On donnerait gloire et richesse,
Tout ce qu’on a, pour te revoir.

En vain se hâtent les années
Sur nos pas semant les débris,
Espoirs déçus, roses fanées,
Désirs éteints, boutons flétris :

Ce désir grandit avec l’âge,
Le retour seul peut en guérir ;
Quand on est né sur ce rivage,
Sur ce rivage on veut mourir.

Ô vieux Léman, toujours le même,
Bleu miroir du bleu firmament,
Plus on grisonne et plus on t’aime,
Ô vieux Léman !