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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.



« Partons, partons, partons en chasse !
          Partons au vol !
Guettons, fouillons le flot qui passe,
          Rasons le sol ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
C’est pour nous seuls, race choisie,
          Joyeux oiseaux,
Que Dieu créa la poésie
          Des vertes eaux !





LE SOLEIL DU LÉMAN




Ô lac ! tu l’as bien dit. Les heures sont rapides.
Tout passe : le moment, le jour et la saison...
En vain le ciel est pur, en vain les flots limpides ;
Le soleil, ton amant, s’incline à l’horizon.

Glissant d’un vol furtif sur la vague aplanie,
Ses rayons empourprés vont embellir Montreux,
Et ces bords enchantés, sacrés par le génie,
Et ce nid de Clarens qu’habite un peuple heureux.

Vous ne l’arrêtez point, doux et chers paysages;
Il est le voyageur ; il marche, il suit sa loi.
Qu’importent vos bosquets ? Qu’importent vos rivages ?...
Par delà l’horizon disparait l’astre-roi.

Mais il ne s’en va pas sans saluer encore
Les monts échelonnés aux limites des cieux.
De la pourpre du soir la neige se colore ;
Aux Alpes du Léman l’astre fait ses adieux.