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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Et ne s’inquiétait d’où viendrait la marée,
Sachant qu’il suffisait de prévenir Vatel,
Un grand cœur qui battait dans un maître d’hôtel !
Le roi l’avait fait noble, il portait une épée
Au côté, fer de luxe et lame inoccupée,
Hochet chevaleresque, ornement puéril !
Qui sait ?... Quand il sentit son honneur en péril,
Il se la mit au ventre en partait gentilhomme...

Parmi les raffinés que l’histoire renomme,
Les affolés d’honneur d’hier et d’aujourd’hui,
Qui jamais s’est montré plus chatouilleux que lui ?
Ce n’est point au chrétien à faire son éloge,
Vatel n’a point sa place en un martyrologe,
Mais l’homme de métier se sent fier, ô Vatel !
De trouver un Caton dans un maître d’hôtel.
Pour moi, quand je revêts mon tablier vulgaire,
Il me semble que j’entre en un harnais de guerre,
Je pense à cet aïeul qui fut si grand seigneur
Et qui, comme Turenne, est mort au champ d’honneur !


(Gousses d’Ail et Fleurs de Serpolet)





SOUS LA CÔTE




C’est comme un nid fait dans les herbes.
Du seuil de la vieille maison,
À travers des arbres superbes,
On voit miroiter l’horizon.