Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t1, 1887.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.



UN HOMME À LA MER




Sous la nuit sombre et sans étoiles,
Par grosse mer et loin du port,
On a cargué les hautes voiles,
Il vente de plus en plus fort.
Sous le flot qui déferle et gronde,
Ils se hâtent, les francs gabiers,
La cloche appelant tout le monde
Pour le bas ris dans les huniers.

De l’arrière au mât de misaine,
Hâtons-nous ! le vent n’attend pas ;
Ainsi le veut le capitaine
            Du grand trois-mâts.

L’équipage dans la mâture
Sur tous les points s’est élancé,
Et sur la vergue à l’empointure
Le plus leste s’est avancé…
Quand tout à coup un cri sauvage
Sonna plaintif et sans espoir,
Et dans les lueurs du sillage
Un matelot passa tout noir.

De l’arrière au mât de misaine,
Hâtons-nous ! le vent n’attend pas ;
Ainsi le veut le capitaine
            Du grand trois-mâts.