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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


CHAISE À PORTEURS





Montant à sa chaise à porteurs,
La Marquise, en robe de moire,
A l’air d’entrer dans une armoire
Pour échapper aux séducteurs :
Ces Amours qui voltigent, roses,
À droite, à gauche, en haut, partout,
Qu’elle soit couchée ou debout,
En lui chuchotant mille choses.

Montant à sa chaise à porteurs
Dont les vitres sont blasonnées
Et de jolis cuivres ornées,
La Marquise, avec des pudeurs
De jeune naïade surprise,
Leste, se hâte de s’asseoir
Dans un flot de peluche grise ;
Le roi daigne dire : « À ce soir ! »

Et les deux bons vieux domestiques
Aux mollets maigres et nerveux
Portent l’objet de tant de vœux
Comme on porterait des reliques.





(Parcs et Boudoirs)