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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/303

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ADAM ET ÉVE

traient d’entre les ramures ou se figeaient en petites mares. Un or délicat découpait sur les écorces Lombre glissante des branches et des folioles. Des cœurs semblaient saigner aux troncs des hêtres, écartelés par des glaives de soleil. Comme un sang vert, la dernière sève moussait aux plaies faites par des flèches effilées. Toi, petit Héli, couché sur le ventre, tu tâchais de saisir avec les mains les grands lézards jaunes que simulaient les lueurs égra­ tignant le pied moussu des chênes. Les ciels furent hauts, divins, d’un cristal fluide et frêle, léger comme le givre. A mesure que s’avançait l’après-midi, ils se voilaient de nuées cendreuses qui rendaient plus claire et plus haute leur clarté. Mollement ils em­ plissaient le cloisonnement des branches, se brouillaient comme des soies parmi l’ardente moucheture éclaircie des feuillages. Les lu­ mières ensuite glissaient ; comme des tuni­ ques elles tombaient des arbres et s’évanouis­ saient au bord de l’ombre. Dans l’altitude des ramures le cri du geai, de la pie, du chou­ cas annonçait le rapide crépuscule et creu­


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