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ADAM ET ÊVE

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veut pour nous et tout ce qu’on a délibéré de faire ne nous met pas ; plus près du but. Ève, dans le moment où elle concevait de faire quelque chose, l’accomplissait. Son idée jaillissait déjà réalisée des profondeurs de sa vie. Elle était la fraîcheur du sentiment dans sa spontanéité native et elle s’étonnait tou­ jours d’avoir agi sans paraître y avoir pensé. Personne n’a appris au ruisseau son chemin ; il descend de la montagne ; il n’a pas besoin de s’écouter et il se répand dans la plaine-. Et moi, la voyant vivre de sa vie mobile et naturelle, je pensais : Toute chose que tu feras spontanément est un acte d’amour comme de prendre femme et de procréer un enfant. Malheur à celui qui, ayant le désir de faire une chose belle et juste, réfléchit ! Il est sur le seuil de sa maison et tout à coup le vent ferme la porte et un autre homme est entré. Le héros est celui qui ne retourne pas la tête. Et Ève ainsi me donnait la bonne leçon. Cependant, si j’avais dit ces choses devant les autres hommes ou simplement loué l’ai-