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que ne procure pas l’argent. Il se lève dans l’or et la pourpre ; l’orient et l’occident sont le ruissellement de ses joyaux. Tout l’univers se reflète dans le ruisseau où il étanche sa soif. Et ni l’éclat des argenteries ni le faste des lambris ne peuvent ajouter à sa faim. Sa table est dressée devant la nature ; il contemple la beauté du ciel et des montagnes ; il croit se nourrir de leur lumière en goûtant d’un fruit, d’un légume ou d’une fraîche mie de pain. Les bromes toniques le saturent de santé et de joie mieux que les obscures thérapeutiques.

Un jour viendra où chacun possédera son champ et comme moi sans hâte bâtira son toit arqué à l’égal du bœuf et du berceau. L’homme alors comprendra le sens de la porte et de la fenêtre et de la prairie près de la maison.

Les ans coururent, les paraboles célestes s’accomplirent. Nous ne comptions plus l’âge des bêtes du troupeau aux lignes en cercles de leurs cornes. Peut-être nous étions de très anciennes créatures. Je ne savais plus