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sur tes seins charmants d’aïeule, tes beaux seins immortels qui renaîtront en d’autres, blancs et sucrés comme les sèves au printemps. Nous avons vécu le songe ébloui des noces parmi les images et les apparences, dans l'infini de nous et de la vie par delà nous. Et voici, nous avions cru la forêt immense comme la terre sous l’arc des météores. Jamais le soleil ne finissait de se lever et de se coucher sur elle. Pourtant il n’y avait là qu’une centaine d’arbres. Mais chaque essence est à elle-même une forêt si on la compare à la mesure de l’éternité. Toute chose a un sens mystérieux de symbole qui lentement s’élucide.

Or maintenant fais venir la vache et l’âne ; fais venir aussi les chiens et le bélier. Qu’ils arrivent avec toi vers la lisière et tournent leur visage du côté des hameaux. Qu’ils soient tous là pendant que ma barbe remuera au vent des paroles. Je veux te dire encore une chose. Tu es Ève et moi, le pauvre Adam, je te dis : « Porte tes mains à mon front et puis écarte les doigts afin qu’au travers je voie le ciel plein d’étoiles comme autrefois sous le