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Elle cria : « Tu m’as fait mal. Je te hais. » Presque aussitôt elle disparut dans le bois.

Je l’appelai vainement jusqu’au soir. Et enfin la lune monta ; je vis sa petite ombre passer sur le chemin près de la maison. Elle fut tout enveloppée de la clarté rose de la jeune nuit. Or moi, ce soir-là, ayant peur de mon sauvage amour, à pas lents je retournai vers l’odeur fraîche du taillis où j’avais tenu ses genoux dans mes mains. L’herbe foulée avait gardé le dessin flexible de sa vie. Mon cœur alors se gonfla comme la fève aux pluies tièdes de juillet. Je sanglotai doucement sous les claires étoiles.