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VII


Deux êtres errèrent, originels et divins, dans la forêt d’été. Ta petite gorge, Ève, est la courbe du val ; au repli de ton ventre sinue l’ombreux ravin ; tes cheveux ont la vie souple et friselante des feuillages du bouleau. Mais ma barbe à moi, rousse et frisée, ruisselle comme la toison énorme des chênes. Je ne sais ni ton âge ni le mien. Peut-être je menai autrefois une tribu à travers la plaine. Tu étais alors une promesse de vie dormant de l’autre côté de la nuit. Et voici, je suis le jour qui à pas lentement est venu par les