Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/133

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L’autre déposa ses seaux à terre, demeura un instant sans répondre, interdit, et enfin les mots se firent jour.

— De quoi ? que l’chemin serait à toi pu qu’à moi ?

— Ben sûr !

Et le Pidoux remuait la tête de haut en bas, avec détermination. Alors, devant cette assurance, Pierre, repris à sa taciturnité, haussa les épaules, empoigna ses deux seilles et descendit au ruisseau. Il possédait une grosse tête, crépue et grise, autrefois avait été réputé pour ses poings énormes, mais la femelle avait limé sa force. Et docilement il fit, pour regagner la maison, le grand tour par la chaussée. À sa rentrée, la Lalie, comme on appelait la Colasse, hogna aigrement : où était-il resté si longtemps ? Il y avait un quart d’heure qu’il était parti ; on était à rien faire, les pouces en l’air, en l’attendant. Et il rejeta la faute sur Michel Pidoux.

— Paraît que l’chemin est à eusse, de