Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/142

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Ils haussaient les épaules, Félicien et Phrasie devant, Pierre marchant quinaud derrière eux ; et tout de suite, avant qu’ils eussent ouvert la bouche, elle devina que les Pidoux triomphaient. Alors sa grogne éclata contre ce pleutre d’homme qui, bien sûr, avait canné ; et à coups de poings dans les côtes, elle le poussa dans la maison, les yeux flambants comme des braises. Pendant une semaine, il pantela sous ses assauts ; même la nuit, sur l’oreiller, elle le harcelait, et il ne répliquait pas, jugeant toute parole inutile. Ensuite ils se concertèrent : ça ne pouvait se passer comme ça ; il fallait montrer à ces charognes qu’on les bravait et la justice pareillement ; et tous les quatre, enfermés, porte close, pour que le bruit des voix ne se répandît point au dehors, ils ne sortaient plus, ruminant des vengeances.

Chez les Pidoux, un calme s’était fait. À présent que les Colasse étaient matés, ils se reprenaient à leur vie ancienne, remuant leur champ, tranquillement. En bras de chemise, une couffe trouée sur la tête, Mi-