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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/144

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énorme derrière qui leur bouchait la vue finit par les exaspérer au point qu’ils l’auraient voulu démolir à coups de briques.

Une chose porta leur rancune à son comble : un matin, Bourrache, le menuisier, fut aperçu, clouant une palissade en travers du sentier ; et au milieu de la palissade, une porte s’ouvrait, fixée par un loquet, du côté des Pidoux. C’était une idée de la Joanne, comme une barrière qu’elle mettait aux envahissements des voisins et en même temps le symbole matériel de son droit. Michel, toujours pacifique, avait essayé de la dissuader ; les Colasse recommenceraient leurs hostilités ; on en aurait pour la vie à se chamailler. Mais, redevenue belliqueuse dans la monotonie de son existence casanière, elle avait passé outre. Et dans l’après-midi, Bourrache ayant fixé son dernier clou, détala, ses outils sous le bras, largement arrosé de bière.

Tout le jour la Lalie demeura cachée derrière son rideau, mangeant des yeux cette palissade insolente, avec le bruit du mar-