Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/162

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était de leur côté. Puis un soir Félicien, grimpé sur le toit, boucha la cheminée avec de la paille ; la fumée sortait épaisse, en tourbillons, par les fenêtres et la porte ; et de chez eux, ils s’amusaient à l’entendre tousser, suffoquée. Enfin, au temps des semailles, ils lui firent une autre misère : à pleines poignées Phrasie et la Lalie la nuit semaient dans son clos de la graine de pavots qui se mit à germer innombrablement, mangeant tous les plants. À présent, tous les mois, une ou deux fois, Pierre partait pour la ville, appelé par leur affaire ; la Joanne s’y rendait avant lui, et ils se rencontraient sous le péristyle du tribunal, Colasse en veste de dimanche, elle en robe et bonnet de demi-deuil, plus mafflue que jamais, attendant tous deux l’ouverture des portes, sans se parler. Mais le frère avait été frappé de congestion au moment de s’embarquer ; sa fille écrivait qu’ils se mettraient en route dès que le danger serait passé ; et les remises s’éternisaient, augmentant incessamment les frais. Ensuite ils regagnaient leur