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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/176

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d’eux, le sacristain, en surplis comme les prêtres, hâtivement lévigeait une grosse pincée de tabac, parfumé à la fève tonka, dont l’odeur se répandait. Dix fillettes, autant de jeunes filles, une ceinture bleue passée sur leurs robes blanches, ensuite s’alignaient, l’air modeste.

Une des jeunes filles, brune, un duvet sur la lèvre, portait la bannière de la Vierge, le torse rejeté en arrière, à cause du poids, et de chaque côté, deux fillettes, bouclées comme des caniches, tenaient les glands, interdites, très rouges. Au dehors, parmi les tombes et les herbes du cimetière, une foule s’était massée, les femmes en bonnets à fleurs ou à rubans, les hommes en sarraux reluisants, tous hâlés et maigres, exhalant un relent d’étables. Ceux-là se poussaient ; des mères se haussaient sur la pointe des pieds ; on se disait très haut les noms des filles de la Vierge ; et un peu à part, un groupe de dames notables s’abritait sous des ombrelles, avec des figures grasses, moites dans cette chaleur lourde d’après-midi. Des abat-sons