Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/206

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aussitôt déboucha sur le pavé d’une chaussée, bordée de maisons. Une cinquantaine de paysans, massés sur la porte d’un cabaret, attendaient là le passage du cortège. Fripiat et sa séquelle ayant reconnu des camarades, une poussée se produisit ; on les appelait ; des quolibets étaient échangés ; et des femmes, sorties des maisons, essayaient vainement de se faufiler parmi le bataillon des cottes et des bonnets. Il leur fallut se confondre avec les hommes ; mais tout de suite les mains se pendirent après leurs gorges ; des pinçades les prenaient en flanc ; elles étaient obligées de se débattre contre des étreintes. Et Bourdaille, ayant ouï du côté de la queue une rumeur inquiétante, tourna la tête sans voir autre chose que cette masse noire, profonde qui traînait sur ses talons.

Une courte pause avait succédé aux premiers cantiques ; maintenant, tout le pèlerinage allait accompagner le chant nouveau, des strophes immémorialement connues ; et les fillettes, les prêtres, les enfants de