Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaisanterie plus épaisse, il lui demanda si quelque symptôme ne l’avertissait pas encore d’un miracle prochain ; et elle ne détestait pas la hardiesse de son geste et de son regard.

Des deux côtés de la chaussée, les champs de nouveau s’allongeaient, alternant les verdures pâles des froments avec les touffes sombres des plants de pommes de terre. Une poussière, immobile comme un nuage d’or, planait sur le banderolement de la procession ; en tête, la bannière de Marie se balançait, pareille à un très gros bleuet ; et les robes blanches des fillettes, soulevées par la brise, ensuite battaient l’air comme des ailes de papillons. Une galopée de poulains apeurés les amusa de leurs gambades comiques, derrière un échalier où ils pâturaient. D’autres fois, des vaches tendaient leurs visages placides, avec de longs mugissements ; et elle lui reparla de ses aumailles, préférant le séjour de la campagne aux villes. Mais il s’exclama : elle ne connaissait pas Paris, la merveille du monde ; les bouil-