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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/225

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— M’est avis que la meunière a tiré par ci avec le cousin, dit Floupet à Pouillette en lui montrant de l’œil une robe de soie noire que le soleil moirait d’un luisant, au bras d’une redingote brun-marron. Sûrement, c’est qu’i z’ont des choses à s’dire. Ben, Pouillette, si on tirait par là, nous deusse ?

Aux Pâques dernières, une promesse de mariage avait été échangée entre eux, l’un et l’autre s’étant connus au moulin, où cet enfariné de Floupet, goffe et niquedouille, mais honnête garçon, moulait le grain depuis dix ans. Et comme ils passaient près du meunier, à l’orée du bois, ils entendirent Poret qui disait :

— Ben, voyons, là, ça tient-il ?

— Tope ! répondit Ladrière, en abattant la main dans la paume du fermier.

Le marché conclu, il pensa à sa femme. Qu’est-ce qu’elle pouvait être devenue avec Michotte ?

Derrière eux, l’allée s’allongeait vide, sans plus personne. Ils attendirent encore un instant, puis Mathurin se frappa le front, éclairé :