Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/246

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Le soir tombé, il fit atteler la birouchette avec laquelle Maugranbroux était venu. Et tandis que, dans les crépusculaires pénombres, le petit ardennais quoaillait en râpant le pavé de la pince, une scène d’attendrissement jeta la fille aux bras de son père :

— Ah ! papa ! papa ! adieu, papa ! sanglotait-elle.

Roland se raidissait :

— Non ! non ! C’est qu’un petit moment à passer ! Quand tu seras dans ta ferme, t’y penseras seulement plus !

Mais un ennui le travaillait. Déjà les Mortier avaient quitté la ferme ; le forestier et sa tribu achevaient de s’empiler dans la tapissière qu’un de leurs voisins leur avait prêtée ; et parmi ceux qui restaient, la plupart, blettis par la boisson, s’écachaient en travers des tables. Alors il s’adressa à Léon :

— Voyons, clampin ! T’es mon neveu. Ben, y m’ semble que c’serait à toi plus qu’à un autre à faire la politesse à ta cou-