Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/254

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chant, les degrés gémirent. Devant la rauque et imbriaque tablée, dressé de toute sa taille, les joues crevées d’un large rire muet, Maugranbroux apparut, traînant après soi la pâleur d’un drap qui, sur ses talons, balayait le carreau. Alors, terrible, un penser s’empara du petit cousin ; elle était morte, roulée sans doute en ce linceul ! Et il ferma les yeux, pour ne pas voir la meurtrissure de la tendre chair rose.

Parmi les brocs, sur la nappe vernissée, le ténébreux paysan, d’abord sans une parole, éploya l’antique toile héritée des ancêtres et toujours dévolue à leurs rurales épousailles. Et comme tous, l’œil clignotant sous de flasques paupières, le regardaient sans comprendre, il promena son calleux index sur la trame bise ; – et son rire sournois encore élargi :

— J’ croyais d’abord être volé. Mais, par ma foi, y a pas à dire, j’en ai pour mon argent. Tâtez et reniflez : c’est ben du sang de pucelle ou j’ai la berlue. Ah ! mais !

Vive et moite, en travers du drap, s’étoi-