Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/33

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homme, est absent, Nant enverra à son tour vers mes autres enfants. »

Or, Tys Poppel s’étant enrôlé cette année-là, avec ses trois garçons, puisatiers comme lui, dans une équipe que le maître employait à construire des écluses, très loin, sur un fleuve qui coule entre des montagnes, tous quatre passèrent le printemps et une partie de l’été hors du pays. Et, un dimanche matin, un homme entra dans la maison. Comme son temps était pris par le travail, il n’avait pu venir plus tôt, et il y avait cinq jours que Ka avait envoyé vers lui ; et cet homme était Nant, l’aîné des fils de Poppel. Nant alla vers le lit où, couchée sur le dos, ses vieilles mamelles mal couvertes par les draps, la mère tordait ses mains à cause des douleurs de son ventre. Un grand vent passait sur les arbres du champ, et celui-ci s’apercevait à travers la fenêtre basse, noir sous les nuées du ciel, car l’hiver et la mort étaient prochains. Nant tira donc de sa poche un mètre ; il l’ouvrit, et ayant commencé par la tête, il