Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/63

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haie pour paître les jeunes salades. Un chat du voisinage arrivait au baisser du jour, guettant les musaraignes et les grenouilles ; mais comme il grattait la terre après y avoir enfoui ses chiasses, le plomb un soir le coucha net. Et vers la fin du mois, il tua aussi un setter superbe que ses maîtres lâchaient une heure chaque jour et qui chassait par les cultures. C’était une rage de massacre, la mort en sentinelle à chaque bout du lopin. Puis une taupe boursoufla l’aire : pendant des heures, sans bouger, rigide comme un roc, il l’attendit, sa bêche dans les mains, et après quatre jours d’embuscade, un museau noir émergea, qu’il coupa en deux d’un coup violent. Cette fois, il se crut à l’abri des déprédations.

Mais brusquement les charançons se mirent dans les choux, les poireaux s’infestèrent d’un ver minuscule qui mangeait tout, une myriade d’imperceptibles mouches piqua les haricots, et les échalotes étaient dévorées par des larves. Alors une battue s’organisa contre ces nouveaux ennemis, plus redouta-